samedi 4 août 2012

Om - Advaitic songs


Le duo ex-Sleep (on ne peut décidément s'empècher de mentionner leur prestigieux passé bien qu'ils se soient plus que fait un nom de leur côté depuis -et que Chris Hakius soit parti depuis un moment d'ailleurs) est de retour avec une cinquième galette. Advaitic songs est son petit nom, et elle était attendue après le succès de God is good. Si vous avez aimé ce dernier vous ne serez pas déçu ici, puisque Al Cisneros et Emil Amos poursuivent sur leur lancée.

Ils poussent même le trip encore plus loin. Advaitic songs est sûrement leur album le plus progressif à ce jour. Les lignes de basses stoner sont mises un cran en retrait en faveur des arrangements. On sent que Robert Aïki Aubrey Lowe a pris de l'importance! Les arrangements à cordes deviennent presque omniprésents, qu'il s'agisse de sitar ou de nappes de violon/violoncelle qui apportent une touche classique nouvelle chez Om. Une touche plus ambiante aussi, comme sur la très planante "Sinaï" dont le groupe nous avait donné un avant-goût sur leur dernière tournée, ou plus intimiste voir tragique sur "Gethsemane". Cisneros laisse ces éléments nouveaux prendre le dessus sur la musique et tisser les mélodies principales, sa basse passant à l'arrière plan. Petite évolution pour Om, qui devient de moins en moins centrée sur la quatre cordes. Bon il y a quand même des habitudes qui ne se perdent pas et la ligne de basse ronflante et couillue de la somptueuse "State of non-return" redonnera vigueur aux fans de headbanging parmis vous. Mais globalement on sent le Cisneros plus ouvert à laisser la musique vivre en dehors de son instrument, moins égotiste en un sens. Et ça tombe bien, c'est le concept du disque.

Un petit mot sur les textes en effet: "Advaitic songs", en référence à l'Advaita ou "non-deux" en sanskrit, école de pensée rejetant les dualités et affirmant notament l'unicité de l'âme individuelle et du Tout. Les paroles justement nous emmènent de nouveaux vers les territoires de l'illumination, comme toujours chez Om. On les connait pour leur propension au syncrétisme, ils ne dérogent pas à leur propre règle en continuant leurs rapprochements entre Occident et Orient. Sur "Gethsemane" par exemple c'est bien la solitude du Christ lors de sa dernière nuit qui est contée, mais en rapprochant son vécu des doctrines bouddhiques de la vacuité et donc du "non-deux". Unicité de l'âme et de l'univers, dépouillement du soi illusoire... il y a beaucoup à fouiller et à méditer et une chronique n'y suffirait pas. Surtout que l'écriture de Cisneros, à l'instar de ses lignes de basses, est encore une fois alambiquée et hermétique!

Donc pour conclure Om poursuit sa mue engagée depuis God is good: toujours plus d'arrangements planants, de mélanges, moins de grosse basse et de démonstration de technique. Le duo se recentre sur le groove et laisse la part belle à un métissage sonore des plus trippés. Advaitic songs n'est pas seulement leur album le plus progressif, c'est aussi le plus humain, le plus introspectif, qui va explorer la solitude détachée, à la fois sereine et un peu amère, du méditant. Un album abouti qui marque ce que Om a fait de plus haut, une superbe réussite.