Anamnèse, n.f., du
grec ancien ἀνάμνησις, anamnêsis, action de rappeler, de se souvenir.
L’art et la mémoire sont liés de
façon indissoluble. La force évocatrice d’une œuvre existe
et opère à plusieurs niveaux, plus ou moins évidents, plus ou moins profonds, et
les plus immédiats ne sont pas forcément les plus intéressants. Elle frappe souvent en
premier la conscience par une représentation du réel, du connu, par une mise en
contact de l’intellect avec ce qui constitue notre monde sensible, notre réalité
sociale, soit de façon très imagée voire allégorique, soit au contraire sous
une forme d’exposition brute et directe. Mais il y a d’autres niveaux de
perception qui peuvent être touchés.
Une œuvre -musicale, littéraire
ou picturale, cela importe peu- est
aussi une clef vers des régions plus profondes de l’être. Elle incarne et
réveille en même temps des images, des concepts gravés dans notre mémoire
atavique, et inextricablement liés à nos instincts : des archétypes. (1)
Quelle est donc la fonction de l’art ?
Être un simple divertissement ? Ou servir de base et de moteur à un
travail personnel d’ordre intellectuel et même spirituel ? Les deux peuvent
être valables, et il y a eu (et aura encore) suffisamment de philosophes,
artistes et intellectuels de tout poil pour se les arracher (les poils) sur
cette question sans que nous y mettions notre grain de sel. Le but de ce blog n’est
pas de trancher définitivement cette question. Mais d’y apporter toutefois un
élément de réponse, ou plus exactement d’assumer un parti pris : nous
penchons pour la deuxième option.
Et l’anamnèse dans tout ça ?
Nous sommes en plein dedans : nous tenons la psyché humaine pour un ventre
fertile où une multitude de savoirs, d’images, d’idées sont enfouis. Étouffés
même à bien des aspects. L’art est alors le moteur de l’anamnèse, le carburant du souvenir, cette clef pour une
meilleure découverte de nous-même. Et également une voie d’accès au Calam al-mithâl de l’ésotérisme
chiite, le monde des images de la Gnose, intermédiaire entre le monde sensible et celui des
idées.
C’est le propos de ce blog :
parler d’œuvres qui apportent bien plus que du divertissement, mais qui nous
parlent aussi de nous-même, parfois (souvent) de la façon la plus déroutante. Ça
n’empêche pas de se marrer bien sûr, et si nous devenons trop pontifiants nous
nous en excusons. Mais il y a aussi l’envie d’apporter un peu plus que la
superficialité clinquante de beaucoup de blogs et webzines (que nous ne
nommerons pas, manquerait plus qu’on leur fasse de la pub...) qui se
contentent de titres et sujets aguicheurs mais les traitent par-dessus la
jambe, sans mise en contexte, sans recherche, sans analyse fouillée. Du facile,
du rapide à faire et surtout à digérer pour un lectorat dont on se demande au
fil du temps s’il ne prend pas plaisir à se contenter de ça, où s’il ne sait tout
simplement plus trier le bon grain de l’ivraie. Il en faut pour tous les goûts
et après tout, un article superficiel n’empêche pas de continuer par soi-même
les recherches me direz-vous. C’est bien légitime. Sauf que ça devient la
norme, et au bout d’un moment cela appelle une réaction.
Alors oui, et merde, pas de
faux-semblants : Anamnesis est un blog légèrement prétentieux sur les
bords. On va pas se cacher : on ne veut pas en faire plus, mais on veut le
faire mieux. Que les articles publiés apportent outre de la découverte mais
aussi un peu d’enrichissement intérieur. De la matière à ressentir et à penser. De quoi aussi et
surtout vous donner l’envie de plonger en vous-même et remettre en question
deux ou trois trucs, parce que c’est avant tout l’effet que ça nous fait. Alors
on fait tourner.
Voilà pour cette petite remise au
point, sorte d’éditorial à mi-parcours pour mieux se relancer. Si vous découvrez
cette page, vous verrez qu’il y a déjà une petite provision d’articles qui s’est
constituée depuis quelques années, à un rythme très lent (lisez les quand même,
y en a des bien. Je crois). Et puis il y a eu une cassure au cours de laquelle
plus rien n’a été produit. Mais les temps sont mûrs pour relancer la machine et
pondre du texte à nouveau, et essayer de trouver un lectorat pour ce petit blog
perdu dans l’immensité de la mer de l’information.
Donc vous retrouverez très
bientôt et à un rythme complètement aléatoire des articles divers sur des trucs
qui ne le sont pas moins. Essentiellement de la musique mais aussi des
bouquins, de la BD et peut-être du ciné. Ça n’aura sûrement pas vocation à
constituer un panel représentatif du bon goût et de ce qu’il faut écouter ou
lire pour être bien vu en société, d’ailleurs ça ne fera même qu’égratigner la
surface de tout ce qu’il y a de passionnant dans l’art. Non, ce petit pouillème
ne représente guère que les goûts et intérêts personnels de l’auteur de ce
blog, c’est-à-dire pas grand-chose. Mais ce sont avant tout le partage et le
plaisir qui comptent, et nous souhaitons de tout cœur que vous en preniez.
Sur ce bonne lecture, et have fun !
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(1) Lire
à ce sujet C. G. Jung, Psychologie de l’inconscient.