dimanche 1 novembre 2015

Editorial: un blog, pour quoi faire?



Anamnèse, n.f., du grec ancien ἀνάμνησις, anamnêsis, action de rappeler, de se souvenir.

L’art et la mémoire sont liés de façon indissoluble. La force évocatrice d’une œuvre existe et opère à plusieurs niveaux, plus ou moins évidents, plus ou moins profonds, et les plus immédiats ne sont pas forcément les plus intéressants. Elle frappe souvent en premier la conscience par une représentation du réel, du connu, par une mise en contact de l’intellect avec ce qui constitue notre monde sensible, notre réalité sociale, soit de façon très imagée voire allégorique, soit au contraire sous une forme d’exposition brute et directe. Mais il y a d’autres niveaux de perception qui peuvent être touchés.

Une œuvre -musicale, littéraire ou picturale, cela importe peu-  est aussi une clef vers des régions plus profondes de l’être. Elle incarne et réveille en même temps des images, des concepts gravés dans notre mémoire atavique, et inextricablement liés à nos instincts : des archétypes. (1)

Quelle est donc la fonction de l’art ? Être un simple divertissement ? Ou servir de base et de moteur à un travail personnel d’ordre intellectuel et même spirituel ? Les deux peuvent être valables, et il y a eu (et aura encore) suffisamment de philosophes, artistes et intellectuels de tout poil pour se les arracher (les poils) sur cette question sans que nous y mettions notre grain de sel. Le but de ce blog n’est pas de trancher définitivement cette question. Mais d’y apporter toutefois un élément de réponse, ou plus exactement d’assumer un parti pris : nous penchons pour la deuxième option.

Et l’anamnèse dans tout ça ? Nous sommes en plein dedans : nous tenons la psyché humaine pour un ventre fertile où une multitude de savoirs, d’images, d’idées sont enfouis. Étouffés même à bien des aspects. L’art est alors le moteur de l’anamnèse,  le carburant du souvenir, cette clef pour une meilleure découverte de nous-même. Et également une voie d’accès au Calam al-mithâl de l’ésotérisme chiite, le monde des images de la Gnose, intermédiaire entre le monde sensible et celui des idées.

C’est le propos de ce blog : parler d’œuvres qui apportent bien plus que du divertissement, mais qui nous parlent aussi de nous-même, parfois (souvent) de la façon la plus déroutante. Ça n’empêche pas de se marrer bien sûr, et si nous devenons trop pontifiants nous nous en excusons. Mais il y a aussi l’envie d’apporter un peu plus que la superficialité clinquante de beaucoup de blogs et webzines (que nous ne nommerons pas, manquerait plus qu’on leur fasse de la pub...) qui se contentent de titres et sujets aguicheurs mais les traitent par-dessus la jambe, sans mise en contexte, sans recherche, sans analyse fouillée. Du facile, du rapide à faire et surtout à digérer pour un lectorat dont on se demande au fil du temps s’il ne prend pas plaisir à se contenter de ça, où s’il ne sait tout simplement plus trier le bon grain de l’ivraie. Il en faut pour tous les goûts et après tout, un article superficiel n’empêche pas de continuer par soi-même les recherches me direz-vous. C’est bien légitime. Sauf que ça devient la norme, et au bout d’un moment cela appelle une réaction.

Alors oui, et merde, pas de faux-semblants : Anamnesis est un blog légèrement prétentieux sur les bords. On va pas se cacher : on ne veut pas en faire plus, mais on veut le faire mieux. Que les articles publiés apportent outre de la découverte mais aussi un peu d’enrichissement intérieur. De la matière à ressentir et à penser. De quoi aussi et surtout vous donner l’envie de plonger en vous-même et remettre en question deux ou trois trucs, parce que c’est avant tout l’effet que ça nous fait. Alors on fait tourner. 

Voilà pour cette petite remise au point, sorte d’éditorial à mi-parcours pour mieux se relancer. Si vous découvrez cette page, vous verrez qu’il y a déjà une petite provision d’articles qui s’est constituée depuis quelques années, à un rythme très lent (lisez les quand même, y en a des bien. Je crois). Et puis il y a eu une cassure au cours de laquelle plus rien n’a été produit. Mais les temps sont mûrs pour relancer la machine et pondre du texte à nouveau, et essayer de trouver un lectorat pour ce petit blog perdu dans l’immensité de la mer de l’information.
Donc vous retrouverez très bientôt et à un rythme complètement aléatoire des articles divers sur des trucs qui ne le sont pas moins. Essentiellement de la musique mais aussi des bouquins, de la BD et peut-être du ciné. Ça n’aura sûrement pas vocation à constituer un panel représentatif du bon goût et de ce qu’il faut écouter ou lire pour être bien vu en société, d’ailleurs ça ne fera même qu’égratigner la surface de tout ce qu’il y a de passionnant dans l’art. Non, ce petit pouillème ne représente guère que les goûts et intérêts personnels de l’auteur de ce blog, c’est-à-dire pas grand-chose. Mais ce sont avant tout le partage et le plaisir qui comptent, et nous souhaitons de tout cœur que vous en preniez.
Sur ce bonne lecture, et have fun !

EDIT: et abonnez vous à la page fessebouc du blog, bande de biatches! https://www.facebook.com/codexanamnesis/https://www.facebook.com/codexanamnesis/

(1)    Lire à ce sujet C. G. Jung, Psychologie de l’inconscient.

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